PETITES CORRESPONDANCES
du 15 janvier au 3 mars 2023
La ligne noire et souple d’un arbre de « Trepuzzi », danse sur un fond d’or, et s’étire jusqu’à la corne d’un « Buffle » perché sur une épée d’acier patiné. Deux œuvres se répondent. Deux artistes, Constance Fulda et Michel Noble, correspondent sans jamais en avoir eu l’intention.
De l’or et de l’acier, on passe au rougeoiement fluorescent des muscles des jambes et des bras d’un athlète qui s’élance pour « Encore un saut d’obstacle ». Ce rougeoiement et cette lumière vibrante voulus par Arnaud Franc, sont également au cœur du « Nocturne à Bir Hakeim » de Claude-Max Lochu, puis s’atténuent jusqu’à quasi disparaître dans « La Manche Nocturne » de Michel Houplain.
De petites correspondances s’établissent entre les œuvres, à l’insu de leurs créateurs. Elles sont le fruit de nos regards, de nos sensibilités, de notre curiosité, qui, par confort ou par jeu, aiment à créer un univers qui leur est propre. Sans imposer de fil conducteur autre que les petites formats, j’ai choisi dans l’atelier des artistes des pièces qui se faisaient écho, compatibles entre elles, capables de provoquer une alchimie pour émouvoir et susciter les surprises.
Entrez dans cette exposition comme dans un labyrinthe. Cherchez les passages et les liens entre les œuvres. Ils vous mèneront à l’évasion, à l’étonnement, ou au sourire.
Frédérique Paumier-Moch
Décembre 2022
Arnaud Franc est né en 1966, à Villefranche sur Saône. Il s’est formé à l’École des Arts Appliqués de Lyon et à l’École Supérieure d’Art Graphique de Paris (Académie Julian).
Arnaud concentre son travail sur l’humain, le corps, le mouvement, l’expression de l’être à travers le langage du corps. Il peint et dessine toujours d’après modèles vivants, en symbiose complète avec eux. Lignes dansantes, gestes magnifiés, épaisseurs et légèretés, densités des présences exultent la puissance de vie.
Michel Houplain est né en 1955, il a obtenu son DNSAP des Beaux-Arts de Paris et a étudié en peinture, à l’atelier CARON ; en gravure, à l’atelier COURTIN ; en lithographie, à l’atelier HADAD ; en sculpture, à l’atelier CARDOT, JEANCLOS.
Michel Houplain peint une poésie consacrée à la condition humaine, à la place de l’homme dans son environnement. Paradoxalement, l’homme est souvent physiquement absent pour laisser la place aux paysages qu’il façonne. Lorsqu’il décide de le montrer vraiment, Michel Houplain choisit l’esquisse, la silhouette, l’apparition fugitive. Il a souvent recours aux récits bibliques et mythologiques, et ne se prive pas de faire surgir la figure du monstre lorsque les temps la convoquent.
Constance Fulda, née en 1948, s’est successivement formée à l’École Penninghen, l’École Camondo et l’École du Levant.
Depuis plusieurs années Constance Fulda dédie sa vie aux arbres. Elle les approche avec respect, les écoute comme des êtres vivants, et décode pour nous leurs récits. Elle touche leur écorce pour transmettre leurs témoignages, elle écoute l’air qui murmure dans leurs branches, elle regarde leur cime qui s’étire dans le vent. Avec des jeux de matières, des effets de lumière, des aplats à la feuille d’or, ses peintures-livres révèlent avec sensualité la force vivante, la force primitive, la force éternelle de ces géants ombrageux.
Claude-Max Lochu est né en 1951, il a obtenu le DNSAP des Beaux-Arts de Besançon (atelier Jean Ricardon)
Claude-Max Lochu est le peintre des poésies urbaines, des nocturnes, des survols, et parfois même des vols dans l’espace. Il fait vibrer la respiration des villes, leurs lumières, leurs passants. Il capte la nostalgie de lieux mythiques, la démesure des quartiers d’affaires, la stature émouvante des monuments. Il affectionne les graffitis, les mots des publicités plaquées sur les murs, les traces laissées par tout un chacun dans nos vies de citadins. Claude-Max Lochu se moque, sourit, s’émeut, s’attache aux objets et aux signes témoins de notre activité humaine.
Michel Noble est né en 1952, il s’est formé à l’atelier Boulard.
La puissance onirique et poétique des sculptures de Michel NOBLE nous entraîne dans un monde imaginaire suscitant émotion, humour, interrogation et fascination. De l’acier martelé, contorsionné, dompté, patiné, jaillissent des animaux fantastiques, des personnages surprenants, des natures mortes revisitées.
Michel NOBLE soumet la matière à son extraordinaire imagination et à son sens aigu de l’observation. Parmi ses sources d’inspiration, scènes quotidiennes et mythologiques se mêlent pour donner naissance à des personnages mi-homme mi-bête dont les attitudes insolites surprennent.